Image 1 : Untitled 21, André Mendes, 2016, Vegetal polyurethane resin on canvas, 154 cm x 170 cm (60.6 in x 66.9 in)
Image 2 : Untitled 22, André Mendes, 2015, Vegetal polyurethane resin, 60 cm x 61 cm (23.6 in x 24 in)
Photos : Ricardo Fernandes

Tribune

Vitamine A : Une nouvelle renaissance de l’Art ?, par Ricardo Fernandes

Le mouvement d’Art Moderne qui a vu le jour en Europe à la fin du XIXe et a duré jusqu’à la moitié du XXe siècle, a généré une longue période de modifications, qui se perpétuent mondialement jusqu’à nos jours. Puis, au XXe siècle, l’émergence d’un tsunami intitulé « Art Contemporain », dans les années cinquante, a produit au sein du marché de l’Art un revirement dont nous pouvons maintenant constater les conséquences. Ce phénomène provoqua une survalorisation de l’Art Contemporain et des artistes nés à partir des années 1940, projetant au premier plan l’Art Contemporain qui se substitua alors à l’Art du passé, éveillant un plus grand intérêt du marché pour les artistes vivants. L’art, n’ayant plus les États-Unis et l’Europe pour cible exclusive, commença à être largement négocié dans d’autres pôles mondiaux comme : l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, la Corée, les Emirats Arabes, L’Inde, la Russie, Singapour et Taiwan…

Dans ces nouveaux pôles, le volume de créations et d’artistes mis en avant s’accrut alors à un rythme extrêmement accéléré, proportionnellement au volume de transactions.

Selon certaines analyses du marché, ce sont les grandes salles des ventes asiatiques qui ont le plus haut taux de croissance, en comparaison de celui des fameuses salles des ventes occidentales – élevant ainsi le volume de négociations et d’investissements en ce domaine. De plus, la Chine s’avère être la principale décentralisatrice de la domination anglo-saxonne de l’art, car elle a pour atout un marché interne gigantesque et avide de consommation, dans une société qui possède une vision artistique historiquement très développée et devient de plus en plus friande d’acquisitions de nouveautés apparaissant sur le marché mondial.

Actuellement, elle prend déjà très au sérieux l’option d’investissements financiers, ce qui accroit le nombre de transactions et redouble l’attention portée aux œuvres d’Art, considérées comme un investissement. En Chine, les écoles et les centres artistiques accumulent maintenant un nombre gigantesque de fiches d’inscriptions restées en attente, entrant ainsi en compétition avec les secteurs traditionnels comme : le droit ou la technologie et créant une large gamme de formations, directement liées au secteur artistique.

En ce qui concerne les graphiques et les prix des négociations d’œuvres d’Art au XXIe siècle, tout tend vers de grandes variations, avec des prévisions de valeurs et de négociations bien plus complexes que les simples cotations à l’ancienne. Selon notre analyse des divers facteurs de variations de carrière, de reconnaissance du public, de positionnement sur le marché et de négociation des œuvres, certains jeunes artistes, présentés sur le marché avec des cotations considérées relativement hautes pour une introduction, et atteignant des valeurs de ventes extrêmement élevées, parviennent à se maintenir à ce niveau. Cependant, ces dernières années, le marché d’œuvres à prix moyens, c’est-à-dire celles pouvant être acquises par des collectionneurs possédant un capital d’investissement moins élevé, a connu une grande effervescence, car l’intérêt pour le marché de l’art s’est accru à tous les échelons de la société, rendant lucratives, ce type de transactions qui mouvementent de grands volumes financiers et maintiennent de grands projets dans le secteur, principalement sur les marchés émergents. Cette recette a donné de si bons résultats, que de grands noms de l’art contemporain mondial, jouant double jeu, commencent déjà à réserver une partie de leurs œuvres aux grands collectionneurs et à mettre le reste de leur production, à des prix accessibles, sur le marché traditionnel, proposant ainsi de nouveaux moyens de pénétration dans les collections de moyenne et petite portée.

L’une des plus grandes tendances observées est la nouvelle position de l’artiste par rapport au marché de l’Art. Actuellement, il poursuit une carrière compétitive, soutient un rythme de  production continue, se maintient plus actualisé, adopte une nouvelle manière d’envisager la création et une attitude plus proactive lors de la présentation de ses œuvres conjointement avec sa galerie. C’est pourquoi, le rôle du marchand est maintenant de la plus haute importance :  il doit visiter les ateliers, découvrir des nouveautés, identifier, et présenter sur le marché de nouveaux artistes, établir des cotations, engager des négociations avec les collectionneurs de divers niveaux, travailler avec les institutions d’art et faire en sorte que les œuvres de l’artiste soient enfin reconnues et conquièrent leur propre espace. Un bon marchand est en grande partie à l’origine du succès commercial de l’artiste, pour cela, il doit être obligatoirement un spécialiste perspicace et toujours en phase avec l’information.

En plein XXIe siècle après avoir connu tant de modifications qui s’avèrent exercer une immense influence sur le profil de l’artiste, nous cherchons avec beaucoup d’attention les cycles déterminants et historiques de ces mouvements, jetant sur les faits un regard de chercheur imprégné de curiosité. Les expressions artistiques, la technologie, l’art, le marché…. sommes-nous en train de vivre une nouvelle Renaissance?

Ricardo Fernandes, 2019
The Association of Art Museum Curators (AAMC), New York, États Unis
Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), Paris, France
Association for Art History (AAH), Londres, Royaume-Uni